Cette rubrique est dédiée aux coups de cœur de toujours ou du moment ; ils sont classés en différentes rubriques. Qu’il s’agisse de livres, de films, d’illustrations, d’expositions, de photos, d’articles ou d’évènements, nous tenterons ici de vous faire partager notre engouement et de faire connaître à tous la richesse qui transpire de notre passion commune.

LES INTEMPORELS

Robert Hainard (1906 – 1999) a bercé, inspiré, émerveillé les naturalistes francophones du 20e siècle. Dès sa petite enfance il s’est montré attiré par la nature, développant une sensibilité à tout ce qui est sauvage, ce qui échappe à la puissance humaine… Ses parents artistes et libres penseurs lui ont transmis des dons multiples, exceptionnellement rassemblés dans une seule personne. Robert est (les artistes sont intemporels…) un sculpteur qui « va chercher l’animal dans la matière », « traverse le bloc », ce qui est une qualité rare ; son don pour le dessin s’est développé très vite vers une maîtrise étonnante de la prise sur le vif, Robert sentait les mouvements de l’animal dans ses muscles, que la main retranscrivait sur la papier ; auteur de plus de 30 000 croquis, de 2000 aquarelles, Robert s’est particulièrement épanoui dans la gravure sur bois (plus de 900 gravures, totalisant plus de 7200 planches !)  : une technique complète, exigeante, qu’il a perfectionnée jusqu’à un niveau de restitution des dégradés qui reste inégalé. Robert était aussi un penseur et un écrivain ; bien sûr, on connaît les grands classiques Mammifères sauvages d’Europe, Chasse au crayon, etc. Mais la puissance intellectuelle, la clairvoyance de sa pensée nous ont aussi livré quelques bijoux, notamment Et la nature ? (1943), Expansion et nature (1972), d’une profondeur inspirante, d’une actualité étonnante sans doute pour longtemps encore. Parler de Robert sans citer Germaine Hainard Roten (1902 – 1990), son épouse, peintre coloriste hautement sensible et juste, générosité incarnée, reviendrait à décrire une fleur en éludant le soleil qui la nourrit. Les deux biographies écrites par Roland de Miller et Stéphan Carbonnaux sont complémentaires pour aborder la vie, l’oeuvre et la pensée de Robert Hainard, un homme hors du commun, un des plus grands artistes de tous les temps. Beaucoup de jeunes naturalistes ne connaissent pas jusqu’au nom de Robert Hainard : une lacune à combler absolument, pour ne pas perdre la mémoire de l’essentiel.

Il est toujours possible de visiter la maison-atelier de Robert et Germaine, à Bernex près de Genève, où restent disponibles plusieurs livres épuisés par ailleurs, des gravures, etc. Pour le plaisir des yeux et toute information, allez sur le site de la Fondation Hainard : https://www.hainard.ch/.

« J’ai l’infini à ma portée, je le vois, je le sens, je le touche, je m’en nourris et je sais que je ne pourrai jamais l’épuiser. Et je comprends mon irrépressible révolte lorsque je vois supprimer la nature : on me tue mon infini. » (Robert Hainard ; Et la nature, 1943 ; p. 41)

 

LIVRES

Livres : les incontournables

Nature, écologie, évolution biologique :

  • Combes, Claude : Les associations du vivant.
  • Dawkins, Richard : L’horloger aveugle ; Il était une fois nos ancêtres.
  • Gould, Jay Stephen : Réflexions sur l’histoire naturelle (10 volumes d’essais aux titres différents ; titres prioritaires : Darwin et les grandes énigmes de la vie ; Le pouce du panda ; Quand les poules auront des dents ; La foire aux dinosaures ; Comme les huit doigts de la main ; L’éventail du vivant ; Les quatre antilopes de l’apocalypse).
  • Hainard, Robert : Chasse au crayon ; Les forêts sauvages.
  • Hallé, Francis : Eloge de la plante.
  • Heinrich, Bernd : Survivre à l’hiver.
  • Judson, Olivia : Manuel universel d’éducation sexuelle à l’usage de toutes les espèces.
  • Reichholf, Josef : Le retour des castors ; Mouvement animal et évolution.
  • Selosse, Marc-André : Jamais seul : ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations ; L’origine du monde : Une histoire naturelle du sol à l’intention de ceux qui le piétinent.
  • Yong, Ed : Un monde immense.

Rapports humains-nature ; évolution et socio-écologie humaines :

  • Bryson, Bill : Une histoire de tout, ou presque
  • Diamond, Jared : Le troisième chimpanzé ; De l’inégalité parmi les sociétés ; Effondrement.
  • Gould, Jay Stephen : La mal-mesure de l’homme.
  • Hainard, Robert Et la nature ? ; Expansion et nature.
  • Hallé, Francis : La condition tropicale.
  • Klein, Naomi  : La stratégie du choc.
  • Manceron, Vanessa : Les veilleurs du vivant. Avec les naturalistes amateurs.
  • Maris, Virginie : La part sauvage du monde. Penser la nature dans l’Anthropocène.
  • Morizot, Baptiste : Manières d’être vivant ; Raviver les braises du vivant ; Les diplomates.
  • Rosa, Hartmund : Accélération – une critique sociale du temps.
  • Scott, James : Homo domesticus.
  • Slimak, Ludovic : Néandertal nu.
  • Terrasson, François : La peur de la nature.
  • Welzer, Harald : Les guerres du climat.
  • Wright, Richard : L’animal social – psychologie évolutionniste et vie quotidienne.

Livres récents

Les veilleurs du vivant. Vanessa MANCERON. Les Empêcheurs de penser en rond. La découverte, Paris. 320 pages – 21,00 €. Sortie librairie : 25 août 2022.

Jamais un livre n’a raconté ce que sont les naturalistes, avec autant de détails et de justesse ! La revue Plume recommande chaudement sa lecture.

Des femmes et des hommes cheminent dans les campagnes, aussi parfois dans les villes, pour observer les vivants et enregistrer leur présence sous la forme de listes destinées à l’élaboration d’atlas et d’inventaires. Ce sont des amateurs, et portent le nom paradoxal de « naturaliste ». Sans eux, la mise en visibilité de la disparition des espèces et l’idée même de Sixième extinction n’auraient pu voir le jour. Ils œuvrent inlassablement et la tâche est immense. Et pourtant, dans les arènes de l’écologie politique, on ne les entend pas ou peu. N’ont-ils donc que des noms de plantes et d’animaux à égrener, quand les militants occupent des Zones à Défendre, quand les philosophes forgent des récits de réconciliation et de considération, quand les anthropologues documentent des modalités alternatives de perception et de cohabitation avec le vivant et quand les historiens et sociologues des sciences dénoncent la grande coupure cartésienne ? Tout l’enjeu de cet ouvrage est de montrer qu’il n’en est rien, et que l’attention forcenée qu’ils portent au vivant est un rouage essentiel d’un rapport au monde en cours de recomposition. C’est en cheminant aux côtés des naturalistes, en portant une attention exigeante à ce qu’ils disent et font, aux lieux qu’ils habitent, à leurs manières singulières de s’engager, de connaître et de se relier au vivant, qu’une chance est offerte de défaire les attendus et d’interroger autrement le régime moderne du rapport à la nature. Déroutants, les naturalistes amateurs le sont à bien des égards et pour en prendre la pleine mesure, il faut se rendre dans les campagnes anglaises où l’histoire naturelle est vive, et n’est pas tenue pour une activité résiduelle et anachronique, au motif qu’elle serait devenue un loisir plus qu’une contribution à la connaissance. On assiste en effet outre-manche à une remarquable fécondité de ces marges, assortie d’un jeu collaboratif toujours renouvelé entre scientifiques, amateurs, professionnels de la conservation, militants de la protection et adhérents des Trusts qui se comptent par milliers.

Ce livre est construit comme un récit en plongée progressive, à partir de campagnes peuplées de citadins où l’ensemble du territoire est socialisé. Ici, la nature n’est pas le terroir, ni le sauvage, mais un milieu qui doit sa raison d’être à la présence des fougères, des chauves-souris, des papillons, mais aussi du bétail et des humains en nombre, un milieu où l’impérieuse nécessité d’une cohabitation s’impose dans tout son évidence. On y voit se déployer des formes d’attention aux vivants motivées par aucune autre nécessité que celle de les connaître pour ce qu’ils sont et font. Téléchargez la page de présentation de l’ouvrage.

Vanessa Manceron est anthropologue, chercheur au CNRS. Ses recherches portent principalement sur les rapports à la nature en France et en Angleterre. Ses principaux axes de travail concernent les conflits environnementaux, les menaces sanitaires et écologiques, la cause animale, le droit de la nature.

 

Le chant des oiseaux. Jean Roché et Serge Nicolle.

Les naturalistes du XXIe siècle ont beaucoup de chance. Ils bénéficient d’une grande richesse de connaissances publiées, qui ont demandé souvent des vies d’efforts (et de plaisir !) à des pionniers magnifiques. Jean Roché et Serge Nicolle sont de ceux-là. Les sons de la nature vont de soi maintenant : les supports électroniques permettent de tout avoir dans sa poche ! Les premiers sons enregistrés par Jean sur magnétophone à bande n’étaient édités que sur disque vinyle : l’effort de mémorisation entre l’écoute sur le terrain et celle chez soi faisait partie du jeu… Le travail de Serge Nicolle est, par force, resté plus indépendant de la technique : le tandem de base, papier et crayon, reste l’outil essentiel, ancien mais indémodable. Tous deux contribuent à nous rendre la nature plus accessible, plus belle aussi à nos oreilles et à nos yeux.

Ce petit livre est précieux par le témoignage plus personnel que nous confient leurs auteurs : bien sûr ce sont les fruits de leurs travaux qui nous enchantent, mais mieux appréhender les hommes derrière les œuvres ancre ces dernières dans une histoire, dont nous sommes parfois les témoins, toujours les héritiers.

Informations : https://www.facebook.com/AssociationJeanRoche/ ou https://www.jeanroche.fr/contact/

 

Le supercontinent. Une histoire naturelle de l’Europe. Tim Flannery.

En 2002, le village de Trachilos en Crète fut le théâtre d’une émouvante découverte : des empreintes de pas quasi humaines, imprimées dans des roches datant du Miocène – la preuve que de grands singes bipèdes évoluèrent en Europe, bien avant l’arrivée d’Homo erectus il y a près de 2 millions d’ années !
Qu’il s’agisse ou non de nos ancêtres, ces primates consacrent le statut exceptionnel de notre « supercontinent », une terre de métissage au carrefour de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique du Nord. Une terre de tous les changements, soumise à une intense activité géologique, à de profonds bouleversements climatiques, mais aussi à la pression de l’homme… Voici enfin l’histoire au temps long – de 100 millions d’années à nos jours – de tous ceux qui l’habitèrent : sa flore, sa faune, sans oublier nos lointains cousins humains.
Un formidable récit, visuel et documenté, où se croisent pêle-mêle récifs coralliens, mangroves, steppes glacées, ammonites, ptérodactyles, tortues, rhinocéros, tritons, mammouths et autres Néandertaliens…

 

L’invention de la nature. Andrea Wulf.

Alexander von Humboldt (1769 – 1859) est injustement méconnu. Il fut l’un des plus grands naturalistes et géographes de tous les temps, explorant une partie du continent américain, effectuant des relevés en forêts tropicales, sur les plus hauts volcans du monde… Ses écrits ont été le livre de chevet du jeune Charles Darwin lorsqu’il s’embarqua à bord du Beagle. Son appréhension globale du fonctionnement de la nature à travers les continents est à l’origine de notre conception actuelle des écosystèmes, de l’écologie scientifique. Ami de Goethe, c’était aussi sous l’angle poétique qu’il abordait la compréhension du monde ; un angle à ne jamais oublier.

La biographie d’Andrea Wulf est brillante, car recueillir une telle masse d’informations historiques sous une forme fluide et attrayante, qui se lit comme un roman, est à saluer.

 

DOCUMENTS

La biologie des chiroptères d’Europe

Une formation numérique réalisée par François Schwaab et l’association Païolive.

Cette formation est proposée sous la forme d’une « boîte à outils » à destination des chiroptérologues pour une auto-formation et pour la réalisation d’animations ou de conférences.

2 heures de vidéos didactiques, 370 diapositives commentées et richement illustrées, 90 pages de commentaires explicatifs.

Le cours est structuré en huit parties : 1 – Sommaire ; 2 – Introduction ; 3 – Le vol (3 chapitres) ; 4 – L’hétérothermie (3 chapitres) ; 5 – L’écholocalisation (4 chapitres) ; 6 – Le système nerveux central (1 ch.) ; 7 – Le bilan hydrique et énergétique (3 ch.) ; 8 – La reproduction (2 chapitres).

Prix pour une licence d’utilisation : 25 €.

Pour tout renseignement ou commande, contactez Dominique Pain (SFEPM)dominique.solomas@sfepm.org

Dictionnaire encyclopédique de la diversité biologique et de la conservation de la nature

Une initiative et un travail impressionnants de Patrick Triplet.

Vous cherchez le sens d’un mot, d’une expression, d’un acronyme… utilisés dans les sciences de la Nature et de l’Environnement ?

Voici un document complet, mis à jour régulièrement, et téléchargeable gratuitement.

Bravo et merci à son auteur !

PRESSE

Un article qui fait du bien : GRAND FORMAT. « Si l’ours disparaît, mon métier va mourir » : le plaidoyer d’une bergère en Béarn (Franceinfo)

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/biodiversite/grand-format-si-l-ours-disparait-mon-metier-va-mourir-le-plaidoyer-d-une-bergere-en-bearn_2863767.html

Evènement

A Brest : une déconstruction de piste d’aéroport pour redonner de la place à la nature ! Lire l’article du Télégramme

VIDEOS

Des témoignages édifiants sur l’intelligence des corvidés

Voici deux liens pour accéder à des vidéos sur des observations ou expérimentations sur les capacités cognitives et réflexives des corvidés :

Le corvidé citadin casseur de noix.

Huit étapes complexes et trois types d’outils pour accéder à une source de nourriture.

La vie des blaireaux

L’équipe de Plume a eu un coup de cœur pour le site internet de deux anglais qui vivent dans la Vienne et qui font du piégeage photographique du clan de  blaireaux de leur bois depuis 10 ans !

Ils mettent en ligne les vidéos chronologiquement et proposent l’analyse participative des séquences ! Trop chouette !

https://sites.google.com/prod/view/autourduterrier86

PHOTOS

Vianney Goma – Photographe amateur

Fin 2017, je suis parti 4 semaines sur les hauts plateaux Norvégiens pour tenter d’observer et photographier plusieurs espèces typiques de la toundra scandinave. Au delà d’un simple voyage en solitaire, ce fut une réelle aventure introspective et un solide apprentissage de la vie sauvage et des grands espaces !

www.facebook.com/VianneyGomaPhotographie/

www.instagram.com/vianneygoma/

Deux mâles en plein combat, le choc frontal le plus puissant du règne animal ! - Bœuf musqué
Profiter jusqu'aux derniers instants, car ils ne seront probablement plus à côté de ma tente demain matin... - Rennes sauvages

Photos en Scandinavie de Jeremy Dechartre, photographe au brillant avenir ( http://jeremydechartre.comhttp://www.facebook.com/jeremydechartre.photographer):

Village de Hamnøy. Moskenesøya i Lofoten, Norvège, février 2016
Pygargue à queue blanche. Mont Dalstinden, Vestvågøya i Lofoten, Norvège, février 2016
Chouette épervière. Vaattunkiköngäs, Rovaniemi, Finlande, février 2016

 

Photos de Laurent Cocherel, photographe animalier professionnel :

ILLUSTRATIONS

Sophie Bataille, artiste voyageuse, vous emmène en balade dessin lors des ateliers carnet de voyage tout au long de l’année. Il n’y a rien de mieux que de croquer sur le vif pour se souvenir des lieux traversés, capter une atmosphère, transmettre une émotion mais aussi progresser en dessin et peinture en s’exerçant à diverses techniques.  Le tout pinceau et carnet à la main ! 

https://sophiebataille.jimdo.com/ 

« J’ai peint cette aquarelle in situ assise dans la neige, dans le froid et sous les flocons qui tombent sur le carnet… Et pourtant j’étais au paradis à peindre avec les tons de gris et de terre de sienne en essayant de représenter cette atmosphère poétique. » 

 

Laurie de Brondeau, illustratrice :

https://www.lb-illustrations.com/